Les riches plus riches donc les pauvres plus riches?
Avec l'aide d'un ami, étudiant en sciences économiques, je vous propose l'article suivant. C'est vraiment intéressant mais il y a des graphes et des chiffres. Pour ceux qui gardent un mauvais souvenir de leurs cours de math, accrochez-vous et si vous ne comprenez pas un truc, envoyez-moi vos questions...
Benj
-------------------------------------------
Les riches plus riches
donc les pauvres plus riches?
Le discours dominant à l’heure actuelle (et dont Nicolas Sarkozy est un représentant par excellence) est qu’il faut laisser s’enrichir les riches car, ce faisant, ils stimulent l’activité économique, améliorent la productivité, ce qui profite à tous les citoyens, en ce compris aux plus pauvres.
Mais comment les plus riches (les big boss des grandes entreprises) deviennent-ils plus riches? Une des voies royales est que leur multinationale fasse plus de profits. Et comment faire plus de profit? En augmentant la productivité! La productiviquoi? La quantité de marchandises que chaque ouvrier produit pour un temps donné. Par exemple: si un ouvrier produit 50 chaussures en une heure et qu'ensuite, grâce à une machine, il en produit 100 en une heure, la productivité a doublé.
Les USA ont fait ces 15 dernières années des gains de productivité énormes. Génial! Les riches sont devenus plus riches! Mais les autres? Et bien, le graphe ci-dessous nous donne la réponse... Il analyse l’évolution sur une longue durée de la productivité et du revenu médian (c’est-à-dire celui en dessous duquel se situe la moitié des familles américaines).
Que constate-t-on ?
Tout d’abord, il n’est pas du tout certain qu’une augmentation de la productivité du travail entraîne nécessairement une augmentation du salaire de la plupart des travailleurs et, en particulier, des plus pauvres. Comme on le voit sur le graphe, depuis 1999, la productivité américaine a connu une forte croissance. Cela s’est traduit par des taux de croissance de l’économie américaine qui sont restés largement plus élevé que les européens(*). Or, alors que la productivité et l’économie croissent, on constate que le salaire médian réel a, dans les faits, d i m i n u é sur la même période ! En gros, la croissance n’a pas profité du tout à la moitié des travailleurs les moins bien rémunérés.
A qui profite le crime ? D’une part, aux travailleurs à haut salaire qui ont connu une augmentation relative de leur salaire réel (même si cette augmentation s’est tassée par rapport aux années nonantes). Mais, d’autre part, c’est avant tout les possesseurs de capitaux qui s’en sont mis plein les poches au détriment des travailleurs !
Deuxième constat, en plus d'avoir diminué depuis 1999, l’augmentation du salaire médian ne suit plus, depuis le début des années 80, les gains de productivité. Cela veut donc dire que les 50% des travailleurs les moins bien rémunérés reçoivent une partie de plus en plus petite de la richesse qu’ils créent.
Mais où partent les richesses perdues alors?
Aux mêmes larrons que dans le cas précédant ! D’une part, le salaire des travailleurs les mieux rémunérés a, globalement, suivi la productivité. D’autre part - et surtout ! -, ce sont, de nouveau, les propriétaires des capitaux qui, tout en restant assis sur leur siège à attendre leurs dividendes et versements d’intérêts, se sont remplis les poches sur la même période.
Le résultat de ce phénomène est que, comme on peut le voir sur le graphe ci-dessous, la part du revenu total de l’économie (en ce compris les revenus du capital) qui va au 1% des ménages les plus riches a cru fortement depuis le début des années 80.
Non seulement les plus riches prennent une part de plus en plus importante de la richesse mais ils ne peuvent même pas prétendre que cela profite aux plus pauvres comme le montre la table ci-dessous. On y voit que de 1979 à 2003 le salaire réel des 20% des ménages les plus pauvres a cru de moins d’un pourcent (100$ sur un total de 14.700). Dans le même temps, le revenu du 1% le plus riche augmentait de plus de 150% !
(*) Sur ce dernier point, notons tout de même que c’est peut-être en train de changer.